Oh God... {Lascarena}

Journée ordinaire dans un monde ordinaire, ou presque... En quoi le monde est-il encore ordinaire aujourd'hui ? En quoi New Yord ressemblait toujours aux autres villes ? Alors qu'elle sortait des cours, Sheryl avait encore vu un cordon de manifestation qui passait juste devant son lycée hurlant quelque phrase dégradante à propos des gens de la "liste", et ceux qui n'y étaient pas mais qui étaient comme eux. Sur leur passage de ces gens, Sheryl avait reserré sa main sur la bandoullière de sa besace. Le coeur aussi se serrait. Comment pouvait-on être aussi haineux envers des personnes qu'on ne connaissait pas et qu'on ne comprenait pas ? La jeune fille avait baissé la tête et elle était passée très vite.

Alors qu'elle faisait le chemin vers chez elle... chez elle, comment pouvait-on croire que c'était vraiment sa maison ? Sa véritable maison était l'appartement dans lequel elle avait grandi à Chicago, pas ici à New York. Pourtant elle s'y était faite à cette vie, celle de New York. Elle ne désespérait jamais de retourner à Chicago et revivre avec son père mais rien n'y faisait. Elle ne rentrerait certainement jamais chez elle. La maison qu'elle habitait aujourd'hui, c'était celle d'un homme qui la battait sans aucune raison, juste par envie il fallait croire.
Sheryl était une jeune fille perdue. Totalement perdue même. Elle avait souvent besoin de se retrouver seule pour réfléchir. Mais c'était souvent très difficile de se concentrer sur ce qu'elle voulait, elle pensait trop souvent à de mauvaises choses.

Pour essayer de se retrouver quelques minutes, elle se rendait à Central Park, s'asseyant sur un banc et réfléchissant, mais aujourd'hui, elle avait eu faim. En plus d'être maltraitée, elle ne mangeait presque pas. Ainsi aujourd'hui, au lieu de se rendre à Central Park, elle avait décidé d'aller manger un peu au fast food du coin. A cet instant, elle était assise en train de manger quelque chose de pas trop cher. Elle n'avait pas beaucoup d'argent, bien qu'elle soit un génie, Sheryl ne pouvait pas prendre trop d'argent sur le compte de son tuteur sans que ça se voit, elle le volait et volait d'autres personnes mais vu sa vie, on ne pouvait peut-être pas la blâmer. En même temps qu'elle mangeait, Sheryl lisait un livre sur l'astronomie alors qu'elle se méfiait discrètement des personnes autour d'elle. Ce n'était pas la seule chose qu'elle devait surveiller. Tirant sur ses manches pour cacher ses poignets, laisser ses cheveux détachés pour qu'on ne voit pas sa nuque... elle passait son temps à faire attention à tout et n'importe quoi.
C'est alors qu'elle chercha les quelques billets qu'elle avait et qu'elle se rendit compte qu'il lui manquait six dollars pour payer. Sa première phrase fut "Oh God..."

Pas de cours ce matin, Lascarena avait passé sa journée entière à prendre des clichés pour un article sur les éboueurs en colère de New York. Un sujet qui lui paraissait des plus ennuyeux au premier abord mais finalement elle s’était bien amusée.
Elle avait parcouru la ville de long en large s’arrêtant chaque fois qu’elle croisait un des nombreux employés que la plupart des gens ne prenaient même pas la peine d’apercevoir sur leur passage. Comme s’ils faisaient partis du décor au même titre que les murs des gratte-ciel.
Las’ avait fait des rencontres intéressante parmi ces gens, elle avait entendu au moins une bonne cinquantaine de fois le même discours, qu’elle enregistrait sur le petit dictaphone complètement pourri et désuet qu’elle affectionnait tant. Pour elle la seule technologie qu’elle chérissait était celle de la photographie.
Comme personne n’avait voulu s’occuper de la rédaction de l’article. Ou plutôt parce que la jeune journaliste qui s’était vu confié ce job n’avait aucune envie d’abîmer sa manucure hors de prix et d’érafler ses talons aiguilles dans les rues de New York, Las’ s’était retrouvé pour l’un des première fois à faire la préparation d’un article complet : texte et image. Elle venait de terminer, de déposer sa maquette au NYTimes et parcourait tranquillement les rues pour rentrer dans le petit appartement du Bronx qu’elle partageait avec son père.

C’est étrange comme on a faim juste au moment où l’on passe devant un restaurant, une boulangerie ou comme dans le cas présent un fast food.
Lascarena entra, de toutes façons son père n’aurait pas fait les courses et donc le frigo serait vide, autant qu’elle profite de manger maintenant.

Une fois dans la file, Las’ se trouvait juste derrière une jeune fille qui attira son attention, elle semblait quelques peu perturbée et avait une sorte d’obsession de tirer sur ses manches comme pour cacher quelque chose. Las’ décida de ne pas y prêter attention et réfléchit à ce qu’elle voulait manger

Une fois commandé elle alla s’asseoir à une table libre qui se trouvait non loin de la jeune fille qu’elle avait vu tout à l’heure. Celle-ci était plongée dans un bouquin, Las’ fronça les yeux pour lire de quoi il s’agissait. Astronomie, rien que ça… elle qui n’avait jamais été douée pour les sciences elle s’était quelques peu intéressée à la génétique en parfaite amatrice depuis l’apparition de son don et suites aux discussions qu’elle avait eu avec le professeur Orloff.

Au bout de quelques minutes, c’était plus fort qu’elle, elle savait que quelque chose clochait chez cette fille quand elle la vit s’agiter un peu une fois son repas terminé. Même si à l’œil nu on pouvait clairement identifié le problème, elle se laissa entraîner par son envie d’écoute ce à quoi pensait la jeune fille.
C’est là qu’elle croisa le regard de la jeune femme... Elle lui sourit gentiment puis s’adressa à elle.

- Tout va bien ?

Alors qu'elle cherchait comment parer son problème du manque de six malheureux dollars, Sheryl entendit une voix derrière elle. Elle n'avait pas prêté attention à chacune des personnes qui étaient entrées dans le fast food, bien qu'elle puisse reconnaître qu'elle était extrêmement méfiante avec les autres. En même temps lorsqu'on voyait comment les humains "normaux" traitaient les gens comme Sheryl, il y avait de quoi se méfier si on venait à découvrir qu'elle était comme eux.

Sheryl se tourna vers la jeune femme, plus âgée qu'elle apparemment. Cette dernière demanda si tout allait bien. Comment Sheryl pouvait aller bien ? C'était une bonne question, elle ne le pouvait sûrement pas. Non seulement elle se sentait perdue, mais elle ne pouvait ni retirer de ses pensées son père en prison qui ne voulait pas la voir et cet homme, son tuteur, qui s'amusait à la battre. Et Sheryl s'obligeait à subir en silence. Pourquoi ? La réponse à cette question ne se trouvait pas dans les pensées de la jeune brunette.
A cet instant, Sheryl ne savait pas que ses pensées étaient captées par la jeune femme qui venait de lui parler. Sinon elle aurait certainement fait attention. Si elle avait su que penser découvrait ainsi sa situation si difficile, elle aurait peut-être réussi à cacher ses pensées, à les changer, elle aurait sûrement réussi même.

-C'est rien...

Sheryl haussa les épaules, sentant sa nuque douloureux à cet instant. Elle se remémora alors pourquoi elle avait mal. Son tuteur l'avait prise par la nuque et il avait serré très fort, la traînant ainsi de force vers cette pièce dans laquelle il l'enfermait. Elle avait crié pour qu'il la lâche mais rien à faire, il ne l'avait pas lâché.
Revenant à la réalité, Sheryl fit comme toutes les autres fois, comme si elle n'avait pas mal, comment supportait-elle encore les douleurs ? La nuque, les poignets, les côtes, les genoux et la colonne... Elle avait mal à tant d'endroits.
Faisant un signe de tête, elle compléta sa première phrase.

-... il me manque six dollars.

Sheryl semblait gênée, comment allait-elle faire ? Pas la moindre idée mais elle trouverait sûrement.

Lascarena vit que sa question, et plus particulièrement le fait qu’elle n’ait pas ignoré la jeune femme comme tous les autres clients du fast food, avait surpris la jeune femme assise près d’elle. Rapidement cette dernière lui dit que ce n’était rien, mais c’est là qu’elle s’aperçut que sa voisine n’était pas sincère, son regard fuyant la mis sur la voie et il n’en fallu pas plus à Las’ pour qu’elle se laisse aller à entrer dans les pensées de la jeune femme.

Elle le regretta presque aussitôt tant les pensées de la jeune femme était noires. Cela se voyait qu’elle fuyait quelque chose, que quelque chose n’allait pas. Mais comment aurait elle pu imaginer un instant que ce que vivait cette jeune femme était à ce point horrible.

La voix de la jeune femme la fit sortir de ses pensées et accessoirement de celles qui n’étaient pas les siennes.
Elle venait de continuer sa phrase, précisant qu’outre le fait qu’il lui manquait six malheureux dollars tout allait bien. Comment pouvait elle faire semblant à ce point ? Las’ étaient totalement désemparée, ne sachant pas vraiment quoi faire face à cette situation. Elle était obligée de faire comme si de rien n’était, comme si, comme tout le monde qui les entourait elle ne la prenait que pour une jeune femme ordinaire, un peu spéciale à passer son temps à tirer ses manches, mais c’était plus fort qu’elle, ce n’était pas de la pitié qu’elle ressentait mais de la peine.

Elle s’approcha de sa table avec le reste de son repas et affichant un sourire à toutes épreuve elle s’installa en face d’elle. Voyant l’air étonné de la jeune fille elle but une gorgée de sa boisson puis la regardant elle répondit à la question que lui posait ce regard interrogateur.

- On a qu’à dire que je t’invite ! Et comme ça on est obligés de se revoir une fois pour que ce soit toi qui m’invites qu’est ce que tu en penses ?

Elle fit un clin d’œil à le jeune femme qui semblait plutôt surprise de la proposition de Lascarena. Celle-ci s’empressa d’ajouter comme pour la convaincre.

- A ta place j’accepterais, je suis plus commode que ce mec si tu veux mon avis.

Elle désigna celui qui semblait être le chef et avait une mine des moins sympathiques.

Bien sûr que Sheryl fut surprise en voyant la jeune femme en face d'elle se déplacer et s'asseoir en face d'elle. Qui n'aurait pas eu une drôle d'impression lorsqu'une inconnue se proposait spontanément de payer un repas. On voyait bien que Sheryl était étonnée. Et comme pour la rassurer, son interlocutrice rajouta une phrase de plus comme pour rassurer Sheryl qui se posait de drôles de questions à cet instant. On n'en voyait pas tous les jours des gens comme ça qui se proposaient si gentiment. Sheryl n'avait pas vraiment le choix de toute façon, elle était bien obligée d'accepter.
Alors que Sheryl se retourna pour regarder le gars en question. En effet, il n'avait pas l'air commode, mais alors pas du tout. Elle n'avait donc vraiment pas le choix. Le chef de l'établissement se foutait pas mal de qui donnait l'argent du moment que tout les repas servis étaient payés. Sheryl fit alors un signe de tête.

- D'accord.

Sheryl ignorait à cet instant que Lascarena avait perçu les pensées noires qu'elle avait en tête. Comme si elle avait le moyen de savoir que quelqu'un s'était introduit dans ses pensées, elle était trop préocupée pour sentir quoi que ce soit, si jamais elle avait le moyen de le sentir bien sûr. Sheryl ignorait donc que le fait que sa "nouvelle amie" était naturelle pour ne pas paraître suspecte.

- Merci. Je penserais à prendre plus la prochaine fois.

Sheryl ne se rendait pas compte qu'on pouvait remarquer sa manie de garder ses manches tirées, mais on pouvait bien croire que c'était une manie seulement, et non pas pour cacher le plus lourd secret de sa vie. Le fait qu'elle était battue...

Elle essaya de sourire à son interlocutrice mais c'était plutôt crispé comme sourire. Sheryl n'était pas très convaicante dans le rôle de la fille qui savait sourire. Sheryl referma son livre et le remit dans son sac de cours.

- C'est gentil... de me sortir d'affaire, dit-elle pour la remercier encore.

Apparemment l’aplomb de Lascarena avait réussi à convaincre la jeune fille, mais après tout elle n’avait pas trop le choix, le patron ne l’aurait certainement pas laisser filer sans appeler les flics. Las fut contente qu’elle accepte, ce n’était pas grand-chose mais si elle pouvait faire ne serait-ce qu’un geste infime pour cette jeune fille elle était contente.

Elle accepta aussi la proposition de se revoir, en acceptant le fait que Las’ paye pour elle et qu’elles devraient se revoir pour que la jeune fille puisse s’acquitter de sa « dette » envers Lascarena. Elle la remercia, mais elle ne savait pas que si elle n’était pas entrée dans ses pensées elle n’aurait sans doute pas remarquer la détresse de la jeune fille. Elle avait bien remarqué qu’elle n’avait pas l’air au mieux de sa forme, mais jamais elle n’aurait pu imaginer ce qui se passait dans sa tête, toutes ses pensées horribles qui se bousculaient dans son crâne.

- Y a pas de quoi, ça m fait plaisir, pour une fois que je peux rendre service…

Puis remarquant qu’elle ne s’était pas présentée elle prit soin d’essuyée sa main avec une de ses serviettes puis tendit sa main en direction de sa voisine avec un large sourire.

- Pardon, je ne me suis pas présentée… Lascarena, mais je crois qu’à part mon père et mon patron personne ne m’appelle comme ça… Las’ c’est plus court et au moins les gens ne l’écorchent pas trop comme ça…

Puis son regard se posa sur le livre qu’elle venait de ranger dans son sac. Autant alimenter la conversation sur quelque chose qui apparemment devait la passionner.

- Alors t’es une futur Einstein ou je ne sais qu’elle autre génie ? Tu fais des études ?

Apparemment la jeune femme qui se trouvait devant elle avait une certaine vivacité. Elle avait d'ailleurs bien engagé la conversation, ce qui permettait à Sheryl de ne pas avoir à le faire. N'étant pas très sociale, elle avait toujours du mal à engager une conversation. Mais on ne pouvait pas la blâmer pour ça, comment faire pour se montrer sociale tout en gardant son secret ? Ainsi elle ne l'était pas.

La jeune femme se présenta alors, elle s'appelait Lascarena. Elle rajouta alors que personne ne l'appelait comme ça mis à part son père et son patron. Ca ne semblait pas si difficile de prononcer son prénom pourtant. Sheryl n'avait qu'un seul surnom et c'était son père qui lui donnait. Même si maintenant c'était impossible. Sheryl se présenta aussi.

- Moi c'est Sheryl. Dit-elle pour répondre à la présentation de Lascarena.
Bien sûr, elle n'avait pas de surnom à se trouver pour Sheryl, et de toute façon, la seule personne avec qui elle vivait ne l'appelait pas, il lui criait dessus ou ne lui parlait pas du tout.

La question suivante de Lascarena aurait pu faire sourire Sheryl, mais ce n'était pas le cas. Si elle avait eu de la chance et qu'elle n'était pas tombée dans une souffrance pareille, certainement qu'elle serait une future Einstein, mais après tout ce qui s'était passé, elle ne l'était plus vraiment. Enfin bien sûr que si elle était toujours un petit génie, mais elle avait atténué tout ça. Si elle le voulait elle serait déjà en deuxième année d'études d'elle ne savait quoi.

- Ouais on peut dire ça. On m'a... qualifié de petit génie. Je devais avoir... cinq ans. Mais je suis encore au lycée.

Une époque où Sheryl avait encore son père. Une époque où on ne lui avait pas encore arraché de force. Ce souvenir remonta en elle. Chaque fois il faisait l'effet d'une bombe sur un building. Tout s'effrondrait. Elle se rappelait qu'on venait de dire que son père était coupable et qu'elle serait placé. Elle se rappelait avoir couru dans les bras de son père, l'avoir senti la serrer très fort. Elle se rappelait qu'on l'avait arraché aux bras de son père, qu'elle pleurait et criait encore ne voulant pas qu'on lui enlève. Et par une seule décision, ils avaient détruit deux vies, celle de Matthew Burrows et de sa fille Sheryl.

Elle serra la main que Sheryl lui tendit à son tour et tout en lui souriant, elle se força à ne plus entrer dans son esprit en voyant la jeune femme jeter un rapide coup d’œil sur sa manche avant de retirer sa main pour tirer une nouvelle fois le tissus sur ses poignets en lui offrant un sourire quelques peu forcé.

- Contente de te connaître Sheryl…

Lascarena termina de manger puis lorsque Sheryl lui dit que depuis petite on la qualifiait de génie elle sourit. Ce n’est pas elle qu’on aurait qualifié de génie. Bon ok elle n’était pas la dernière de la classe, ses études de journalismes était en bonne voix, elle avait décroché un poste de stagiaire sans l’aide de personne et elle avait appris la photo en parfaite autodidacte dans ce cas là si ça c’était du génie peut être pourrait elle prétendre au titre.

- Au lycée ? C’est vrai ? J’aurais juré que t’étais plus âgée… quelle age tu as ? 17, 18 ans ?

[sorry un peu court … ]

Au lycée ? Elle aurait pu ne plus y être depuis déjà deux ans. Sa capacité à retenir la moindre information et à la ressortir des mois plus tard, c'était assez impressionnant pour certains, tout comme sa facilité à trouver les racines carrées de n'importe quel nombre. Oui, Sheryl impressionnait certaines personnes, mais elle n'aimait pas vraiment ça. Elle préférait rester discrète sur le coup.

- Seulement 17 ans. En fait, je viens de les avoir.

Ca faisait réellement bizarre pour Sheryl de se mettre à parler d'elle comme ça, à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Du moins pas tellement. Mais alors qu'elle y pensait, Sheryl se demandait pourquoi. Du moins elle se demandait si son pourquoi était justifié. Pourquoi ne voulait-elle pas qu'on découvre son supplice ? Pourquoi ne voulait-elle pas qu'on la délivre ? C'était assez étrange tout de même. y avait-il un rapport avec son père ? Probablement mais ce n'était pas sûr, pas entièrement du moins.

- Et qu'est-ce que tu fais toi ?

{Moi non plus, désolée}

Sheryl lui répondait mais Lascarena sentait, sans plus entrer dans ses pensées cette fois, que ce n’était pas habituel pour elle de parler l’elle. Elle semblait anxieuse, et après ce que la jeune fille venait de découvrir elle pouvait aisément comprendre pourquoi Sheryl ne voulait pas qu’on en sache trop sur elle.

Et comme toute personne qui tente de détourner la conversation pour éloigner un sujet, en l’occurrence elle-même, Sheryl s’en sortait très bien en demandant à Las’ ce qu’elle faisait elle aussi de ses journées.

- Je suis une vieille comparée à toi, j’ai 24 ans et je fini mes études de journalisme, mais comme ça paye pas les études et qu’il faut bien remplir le frigo de temps en temps, j’ai trouvé un job de photographe stagiaire au New York Times d’ailleurs je …

Elle ne put pas continuer sa phrase coupée par la sonnerie de son portable elle s’excusa et décrocha ne reconnaissant pas le numéro.
Son visage laissa transparaître plusieurs expression tout d’abord de l’étonnement et de l’énervement puis après quelques minutes de conversation son visage se referma laissant place à l’inquiétude. Elle raccrocha posant le téléphone sur la table et resta silencieuse quelques instants qui lui parurent durer une éternité.

Bien sûr que Sheryl avait du mal à parler d'elle. Elle avait même du mal à savoir qui elle était vraiment. La fille d'une jeune femme partie trop tôt, d'un homme condamné à tort... Que de repères perdus pour une jeune fille de son âge finissant son adolescence dans le chaos d'un appartement qu'elle ne reconnaissait pas comme sa maison.

Alors qu'elle essayait tout de même, elle préféra basculer la conversation sur sa nouvelle amie. Enfin amie si on voulait, elles ne se connaissaient pas pour le moment. La conversation s'enchaînait plutôt bien apparemment. Une sorte de question-réponse qui marchait assez bien, surtout si Sheryl n'avait pas trop à parler. C'était toujurs dur pour elle.

La conversation était bien entamée lorsque le téléphone de Lascarena sonna. S'excusant, elle décrocha et Sheryl en profita une fois de plus pour tirer sur une de ses manches. Tout le monde penserait que c'était un manie, Sheryl voyait ça comme quelque chose de maladif presque. Mais avait-elle le choix ? Elle observa l'expression changeante du visage de Lascarena. A la fin du coup de fil cette dernière plongea dans une sorte de transe dans laquelle ses pensées devaient s'entremêlées. Du moins c'est ce que Sheryl pensa. Elle hésita un moment avant d'ouvrir la bouche une première fois alors qu'aucun son ne sortit. Elle finit par l'ouvrir une deuxième fois, et étrangement ce n'était pas les mots qu'elle voulait qui étaient sortis...

-Est-ce que... ça va ?

Depuis quand s'occupait-elle de savoir si les autres allaient bien ou non ? Sûrement depuis que ces autres l'invitaient pour un déjeuner.